Ma saison

Je renais en automne,
Je le sens, chaque année,
quand l’air devient plus grave et les couleurs plus franches.
Quand les arbres osent se dépouiller avec dignité,
je fais de même, en silence.
L’été m’a toujours semblé trop bruyant.
Trop sûr de lui.
Il expose, il éclate, il exige.
Je le traverse comme on traverse un marché bondé :
la tête ailleurs, le cœur en veille.
Mais l’automne…
lui me reconnaît.
Il m’appelle dans ses ombres longues,
dans ses fins d’après-midi dorées,
dans ses bancs vides et ses fenêtres allumées.
L’automne ne demande rien.
Il se pose.
Et moi avec lui.
Je ne suis jamais aussi vivant que quand tout semble ralentir.
Je suis fait de ce gris profond qui fait ressortir les rouges.
De cette lumière rasante qui rend les silences plus beaux.
Je suis fait pour les feuilles au sol,
pour les frissons qui ne sont pas froids,
pour les départs sans drame,
et les solitudes pleines.
Je ne m’endors pas quand l’automne vient.
Je me réveille, à ma manière.
Intérieurement.
Calmement.
Vraiment.